Les personnes trichotillomanes ou dermatillomanes devraient avoir un examen approfondi pour exclure les problèmes médicaux potentiels, tels que les troubles dermatologiques. Par ailleurs, les personnes trichotillomanes qui ont tendance à manger leurs poils et cheveux doivent informer leur médecin de ce comportement car il peut conduire à de graves problèmes de santé.
Parce qu’aucun traitement ne peut fonctionner catégoriquement pour tout le monde, une évaluation psychiatrique complète aiderait à identifier les médicaments qui peuvent être efficaces pour eux. Cette évaluation devrait inclure des questions précises sur la trichotillomanie et la dermatillomanie (par exemple, le comportement procure-t-il une sensation agréable ? L’ennui augmente-t-il le grattage ou tirage ? etc. ), sur d’autres problèmes de l’individu (Consommation de substances ? Consommation d’alcool ? Antécédents en santé mentale ?), sur les médicaments éventuellement consommés, sur les allergies connues, sur les essais de précédents médicaments, ainsi que sur d’éventuels problématiques ou antécédents psychiatriques au sein de la famille.
Les personnes qui souhaitent prendre un traitement médicamenteux dans le cadre de leur trichotillomanie ou dermatillomanie doivent savoir qu’aucun médicament à ce jour n’est préscrits par la Food and Drug Administrationpour ces troubles. Et qu’il y a encore peu de recherches sur les médicaments adaptés pour ces comportements. La plupart des médicaments proposés pour soigner ces manies créent des effets secondaires. Toutefois, aux Etats-Unis, de nombreuses personnes bénéficient aujourd’hui de médicaments. Ils peuvent constater une réduction de leurs impulsions de tirage ou de grattage, et de leurs pensées obsessionnelles sur leur manie. Dans la plupart des cas, les médicaments se sont montrés utiles quand ils sont combinés à une thérapie cognitive et comportementale.
Pour les adolescents, la recommandation générale est en premier lieu de proposer une thérapie comportementale avant d’envisager la prise d’un traitement médicamenteux. Par la suite seulement, des médicaments pourront être préscrits dans les cas les plus graves . Beaucoup de médicaments peuvent avoir comme effets secondaires des pensées suicidaires chez les enfants et les adolescents. Par conséquent, les médicaments doivent être utilisés avec beaucoup de prudence par le personnel de la santé chez cette population. Et les pensées suicidaires doivent être fréquemment et strictement surveillées.
Les femmes enceintes ou qui allaitent doivent discuter des conséquences et effets secondaires des médicaments avec leur médecin (y compris les risques d’anomalies congénitales).
Clomipramine (Anafranil)
La première étude sur la trichotillomanie permet de constater que la clomipramine (Anafranil), médicament ayant un impact sur les neurotransmetteurs du cerveau, la sérotonine et la noradrénaline, s’est révélée bénéfique dans le traitement du comportement de tirage de cheveux. La clomipramine a des propriétés anti-dépressives et anti-obsessionnelles. Par conséquent, cela peut être un médicament potentiellement bénéfique pour ceux qui présentent un trouble de la trichotillomanie, en plus de la dépression ou d’un TOC. La clomipramine n’est pas approuvée dans les traitements pédiatriques, et ne peuvent donc pas être utilisée chez les enfants (présentant un TOC et la trichotillomanie). Il n’y a pas eu d’études portant sur l’utilisation de la clomipramine dans la dermatillomanie, mais compte tenu des bénéfices dans le tirage de cheveux, elle peut être considérée comme une option potentiellement bénéfique pour le triturage impulsif de la peau.
La clomipramine peut entraîner plusieurs effets secondaires tels que la bouche sèche, la constipation, les troubles de la vision, une dysfonction sexuelle et la prise de poids. En outre, elle peut causer de légers tremblements et des contractions musculaires. À partir d’une faible dose (comme 25 mg le soir) et en augmentant lentement la dose sur plusieurs semaines (de 150 à 250 mg / jour), cela réduit le risque d’effets secondaires. La clomipramine ne doit pas être utilisée si le patient a des antécédents de troubles cardiaques ou une maladie du système nerveux central, car elle pourrait compromettre la mémoire. A 300 mg / jour, la clomipramine peut provoquer des convulsions (environ 2% des sujets). La clomipramine ne doit pas être utilisée avec des médicaments tels que la fluoxétine ou la paroxétine, qui inhibent les isoenzymes du cytochrome P450, car ils inhibent le métabolisme hépatique de la clomipramine, la cause clomipramine sérique et les niveaux de clomipramine déméthylée. S’il devient nécessaire d’associer ces médicaments, les niveaux de clomipramine sérique doivent être contrôlés fréquemment.
Les Inhibiteurs Spécifiques de Recapture de la Sérotonine (ISRS)
Plusieurs chercheurs ont étudié les ISRS dans le traitement de la trichotillomanie et la dermatillomanie. Les ISRS comprennent : la fluoxetine (Prozac), la fluvoxamine (Luvox), la sertraline (Zoloft), le citalopram (Celexa), l’escitalopram (Lexapro) et la paroxétine (Paxil) . Ces médicaments sont approuvés par la FDA (Food and Drug Administration) pour le traitement de la dépression ou du trouble obsessionnel-compulsif, ou les deux en même temps.
La fluoxétine (Prozac) a été rigoureusement étudiée dans le cadre des troubles de la trichotillomanie et de la dermatillomanie. Bien que les résultats de la fluoxétine sur la dermatillomanie soient prometteurs, les résultats sur la trichotillomanie sont mitigés. D’autres ISRS ont été utilisés et ont montré quelques résultats. Les patients peuvent aussi bien présenter une amélioration et une réduction significative de leurs comportements, qu’une absence totale de résultats. D’une manière générale, l’amélioration est moyennement significative, et ne dure que quelques mois. Ces médicaments peuvent être utiles chez les personnes souffrant également d’anxiété, de dépression ou d’un trouble obsessionnel-compulsif.
Bien que les ISRS soient généralement bien tolérés, ils peuvent produire des troubles gastro-intestinaux, une sédation, une légère anxiété, des maux de tête, une constipation, une augmentation de la fréquence urinaire, une prise de poids et un dysfonctionnement sexuel. La fluvoxamine (Luvox) quant à elle est un inhibiteur P450 1A2 puissant. Les interactions entre ce médicament et d’autres doivent être bien considérées avant qu’ils ne soient prescrits. Compte tenu des effets temporaires de la paroxétine, elle peut provoquer des symptômes grippaux de sevrage avec les ISRS, notamment avec l’arrêt brutal de doses élevées du médicament. Comme pour les autres anti-dépresseurs, il faut noter les risques d’association ISRS et pensées suicidaires.
Les autres antidépresseurs
D’autres antidépresseurs ont été testés dans le traitement de la trichotillomanie et de la dermatillomanie. Bien que les données soient encore rares, on note des résultats positifs avec l’amitriptyline (Elavil), l’imipramine (Tofranil ), la venlafaxine (Effexor) et la doxépine (Sinequan) . Ces médicaments ont montré des résultats significatifs pour le traitement de la dépression. Concernant la trichotillomanie et la dermatillomanie, nous avons encore peu de données, ces médicaments sont donc à utiliser avec prudence.
La naltrexone (Revia)
La naltrexone, qui est un antagoniste des opioïdes, est approuvé par la FDA dans le traitement de la dépendance à l’alcool et aux opiacés. La naltrexone a été examinée dans une étude sur la trichotillomanie et des bénéfices ont été démontrés. En effet, la naltrexone aide à retrouver les comportements agréables. Ce médicament peut aider les personnes atteintes de trichotillomanie ou dermatillomanie, souffrant également d’alcoolisme. Bien que généralement tolérée, la naltrexone peut provoquer des nausées, des insomnies, des douleurs musculaires, des maux de tête… Par ailleurs, une augmentation des enzymes hépatiques est possible, en particulier chez les patients prenant des médicaments anti- inflammatoires non stéroïdes. Les enzymes hépatiques doivent donc être contrôlées fréquemment.
Les neuroleptiques
Les neuroleptiques sont également étudiés dans le traitement de la trichotillomanie et de la dermatillomanie. La raison pour laquelle ils pourraient être efficaces est leur lien possible entre les comportements répétitifs et les tics, tels que le syndrome de Gilles de la Tourette. Une étude contrôlée sur l’olanzapine (Zyprexa) a constaté que le médicament était significativement plus efficace qu’un placebo dans la réduction d’arrachage des cheveux. Les autres neuroleptiques – rispéridone (Risperdal ), quétiapine (Seroquel), ziprasidone (Geodon) et aripiprazole (Abilify) – peuvent également être bénéfiques. Mais il y a eu peu d’études contrôlées sur ces médicaments. Enfin, les neuroleptiques peuvent entraîner de nombreux effets secondaires : effets secondaires extrapyramidaux (tremblements, rigidité, bradykinésie), akathisie, dysphorie, sédation, dyskinésie tardive, prise de poids, développement du diabète et hypercholestérolémie.
Le lithium
Le lithium est un médicament approuvé dans le traitement du trouble bipolaire. Il a également montré certains résultats chez les personnes atteintes de trichotillomanie dans des études non contrôlées. Le lithium peut être bénéfique pour les comportements généralement impulsifs ou pour une grande instabilité émotionnelle. Il peut être un traitement en option pour les personnes atteintes de trichotillomanie ou de dermatillomanie, qui souffrent également de troubles bipolaires. Le lithium peut produire des effets secondaires importants. Les effets secondaires courants du lithium incluent la nausée, la perte d’appétit, une diarrhée légère, des étourdissements, des tremblements de mains, une prise de poids, de l’hypothyroïdie (faible niveau d’ hormone thyroïdienne). Il augmente le nombre de globules blancs, l’acné et les éruptions cutanées. Les personnes qui prennent du lithium doivent immédiatement informer leur médecin si elles constatent un manque de coordination, une faiblesse musculaire, des troubles de l’élocution, des nausées, des vomissements, des diarrhées, une confusion ou une augmentation des tremblements. Ces symptômes peuvent être le signe que le corps reçoit trop de lithium, ce qui nécessite une attention médicale. Avec une utilisation à long terme du lithium, des lésions rénales peuvent également se produire, mais elles sont rares. Afin de minimiser les risques, votre médecin mesurera régulièrement vos fonctions rénales et le niveau de lithium avec un test sanguin .
Autres agents
Une variété d’autres médicaments a montré des résultats prometteurs dans le traitement précoce de la trichotillomanie et de la dermatillomanie. Les médicaments qui concernent les neurotransmetteurs, le glutamate par exemple, peuvent être bénéfiques. Le glutamate semble avoir un rôle dans le cerveau en lien avec les compulsions et les comportements répétitifs. Ces médicaments incluent la lamotrigine (Lamictal – approuvé par la FDA pour le trouble bipolaire), le riluzole (Rilutek – approuvé par la FDA pour la SLA) et la N-acétylcystéine. Ces médicaments peuvent être bénéfiques seuls ou en association avec un ISRS. Mais des études actuelles de ces agents tenteraient peut-être à prouver le contraire.
L’Inositol est une vitamine B et un isomère du glucose qui a également été utilisé dans le traitement de la trichotillomanie et de la dermatillomanie. Une étude contrôlée a montré une amélioration des TOC avec l’utilisation de l’inositol, mais nous manquons encore d’études dans le cadre de la trichotillomanie et de la dermatillomanie.
Commentaires généraux
La stratégie de traitement la plus raisonnable est d’effectuer un essai systématique des médicaments spécifiques et de surveiller les effets secondaires. Le choix de l’agent à utiliser peut être fondé sur les effets secondaires connus, les troubles concomitants (comme la dépression, le trouble obsessionnel-compulsif ou l’alcoolisme) et les antécédents familiaux. Les échelles d’évaluation peuvent être utilisées pour mesurer le degré de trichotillomanie ou de dermatillomanie ainsi que les améliorations. La dose de médicament doit être réévaluée au fil du temps jusqu’à la fin du traitement, et elle doit tenir compte de la valeur maximale de dose tolérée. Un laps de temps peut être nécessaire (8-12 semaines, ou plus) avant de constater les bénéfices. Si ces derniers ne sont que partiels, le médicament peut être changé ou ajouté à un autre médicament. Il est nécessaire de toujours consulter son médecin avant d’arrêter brusquement un médicament. Par ailleurs, les patients doivent être informés que les médicaments sont plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés en parallèle avec une thérapie comportementale.