En résumé… les CRCC c’est quoi ?
Les CRCC sont des « Comportements Répétitifs Centrés sur le Corps ». En anglais on les nomme BFRB’s (Body Focused Repetitive Behaviors). Comportement Répétitif Centré sur le Corps (CRCC) est un terme générique désignant les comportements de trouble du contrôle des impulsions impliquant une détérioration compulsive de l’apparence physique ou une blessure physique. Ce sont des gestes répétitifs d’auto-toilettage (self-grooming) consistant à se tirer les cheveux, se gratter, se triturer ou se mordre la peau au point de se causer des blessures. Les personnes atteintes de CRCC font des tentatives répétées pour diminuer ou arrêter ces comportements. Les CRCC cliniquement significatifs sont associés à la détresse, la déficience, à des dommages physiques et à la difficulté à contrôler le comportement.
Pourquoi les CRCC ne sont-ils toujours pas reconnus en France ?
Les CRCC concerneraient environ 1 personne sur 50 selon le Trichotillomania Learning Center (TLC, Etats-Unis), pourtant personne n’en parle. Pourquoi ? Nous ne savons pas vraiment les causes. L’hypothèse principale est que les CRCC induisent beaucoup de honte et donc du repli et de l’isolement. Les familles, partenaires et entourages ne sont souvent pas au courant des gestes répétitifs d’auto-toilettage de la personne concernée, qui se cache, évite, se camoufle. Si on lui fait remarquer les marques, blessures ou cicatrices, la personne trouve toujours une excuse ou une raison élaborée et réfléchis au préalable pour justifier les blessures. Les perruques, le maquillage, se cacher les mains dans ses manches ou bien les évitements de soirées, travailler de chez soi ou éviter les rendez-vous médicaux pour ne pas découvrir son corps… autant de stratégies de camouflage et d’évitements utilisées au quotidien, jour après jour, souvent depuis des années, pour cacher la honte de ne pouvoir contrôler ses propres doigts et ses propres mains, celles qui blessent… la peau et l’esprit.
Quelles sont les causes des CRCC ?
Pourquoi certaines personnes ont-elles des Comportement Répétitifs Centrés sur le Corps alors que d’autres n’en ont pas ? Les recherches indiquent que certaines personnes héritent de prédispositions génétiques à se tirer les cheveux ou se gratter la peau. Des études ont montré qu’on retrouve un plus grand nombre de CRCC chez les membres de la famille immédiate de ceux qui ont la trichotillomanie ou la dermatillomanie que dans la population générale. Une étude comparative récente sur l’arrachage de cheveux chez les jumeaux identiques et les jumeaux fraternels a confirmé cette thèse de la très forte composante génétique de la trichotillomanie. Sachant que les CCRC ont une origine génétique, les chercheurs étudient actuellement les gènes des personnes souffrant de trichotillomanie afin d’isoler le gène marqueur qui pourrait jeter un éclairage sur l’origine de ces problèmes. Même s’il existe une prédisposition génétique aux CRCC, il faut également tenir compte d’autres facteurs impliqués, notamment : la personnalité, l’environnement, l’âge auquel les comportements ont commencé et la dynamique familiale. Les chercheurs s’intéressent également aux animaux qui présentent des CRCC afin de comprendre les aspects neurobiologiques complexes qui sous-tendent leur existence.
Les CRCC : conscients ou inconscients ?
Les CRCC ont souvent lieu lors de périodes d’activités sédentaires (quand le corps ne bouge pas ou peu). Ces activités incluent notamment : être au lit, lire ou écouter une présentation, conduire une voiture ou bien se faire conduire, être au téléphone, utiliser l’ordinateur, rester assis derrière son bureau au travail… Pour d’autres personnes, c’est au contraire lors de périodes d’activités physiques que les comportements se déclenchent (par exemple : marcher ou se maquiller). Il arrive aussi qu’une personne agisse en toute conscience, par exemple en planifiant de rentrer chez elle pour s’arracher des cheveux ou gratter une région du corps. À d’autres moments, la même personne peut se retrouver en train de poser ces gestes dans un état de semi-conscience, ne réalisant ce qu’elle a fait que lorsqu’elle découvre une pile de cheveux, des égratignures sur sa peau, des plaies ouvertes ou des doigts ensanglantés. Certains ressentent sur la peau une sensation qui attire les doigts vers l’endroit qui sera gratté ou épilé. Ces sensations peuvent être comparées à des démangeaisons, des picotements ou des douleurs. D’autres personnes ne ressentent rien avant de commencer à se gratter ou à s’arracher des cheveux : les doigts trouvent tout simplement un chemin vers le site et le comportement est déclenché. Certaines personnes expliquent qu’elles recherchent une irrégularité spécifique dans les cheveux (plus épais, plus irrégulier, blanc…) ou sur la peau (rugueuse, irrégulière, bosselée…) et essayeront de faire disparaître l’irrégularité qui les dérange. Pour d’autres, la recherche de ces irrégularités fait partie intégrante du processus, comme frotter les doigts sur la peau, dans les cheveux, sur les sourcils, etc., à la recherche d’une irrégularité sur laquelle elles pourront se concentrer. Elles procéderont ensuite à une séance de tirage ou de grattage et examineront ensuite attentivement ce qu’elles ont retiré : elles le frotteront sur leur peau, leur visage ou leurs lèvres, le sentiront, le mâcheront ou l’avaleront, ou bien le feront rouler entre leurs doigts.
Les CRCC peuvent-ils être graves ?
La gravité des CRCC varie grandement d’une personne à l’autre. Arracher ses cheveux peut provoquer la création de petites surfaces clairsemées sur la tête, ou bien l’apparition de régions dégarnies, ou encore une calvitie très étendue difficilement dissimulable. Les personnes qui se grattent la peau développent des croûtes ou des blessures qui ne guérissent pas en raison du grattage répété. Il arrive parfois que la peau s’infecte ou forme des cicatrices, rendant le grattage apparent, ce qui peut attiser les sentiments de honte chez la personne ainsi affectée. Le fait de s’arracher les cheveux ou de se gratter la peau peuvent sembler des problèmes anodins, mais lorsque ces gestes en apparence inoffensif sont posés de manière excessives, ils peuvent provoquer de sérieux problèmes médicaux. Ceux qui avalent les cheveux arrachés encourent des malaises gastro-intestinaux, voire même des blocages digestifs résultant de la formation d’un trichobézoard (boule de poils) qui doit être retiré par voie chirurgicale. Il est donc extrêmement important de consulter un médecin si un membre de votre entourage mange ses cheveux. En ce qui concerne le grattage de la peau, il est important de consulter un dermatologue afin d’avoir un traitement pour garder les plaies propres et les soigner avec une crème à base d’antibiotiques, afin d’empêcher qu’elles s’infectent. Parfois, c’est la répétition même du geste qui provoquera des blessures. En plus de problèmes dermatologiques et médicaux, les personnes qui présentent des CRCC peuvent avoir de sévères conséquences sociales et psychologiques, elles éprouvent des sentiments de honte et de solitude, elles cachent leur secret comportemental et se sentent limitées dans leurs relations intimes, se privant d’exercer certaines activités et se sentant perturbées dans leur fonctionnement social, professionnel ou limités dans d’autres champs d’intérêt.